Marie Nadal
ECRIRE : comment transmettre ce qu'on a dans la tête ?
Comme promis, je vais vous renseigner sur le comment de la chose écrite.
Je tiens à préciser que je n’ai aucun diplôme, aucune formation littéraire qui pourrait justifier d’un enseignement quelconque. Je n’ai qu’une culture cinématographique et l’amour du français. Aussi je vous prie de prendre ces quelques lignes pour des conseils bien plus que des astuces, encore moins pour un cours. Je sais rester à ma place d’amateur amoureux…
Il existe nombre d’enseignements, d’ailleurs plus empreints de directives pédagogiques (en même temps c’est le but) que de ressentis ou de sensibilité.
Je vais ici, tenter de vous conseiller, mais pas toute seule…j’ai, pour m’aider, un jeune romancier débutant, qui m’a transmis sa façon de travailler en donnant la vue à notre imagination. J’ai nommé le Maître de l’horreur :
Monsieur Stephen King.
On peut écrire sur tout. De la lettre d’amour à la demande de prêt, en passant par le roman ou encore le reportage.
Mais on ne peut écrire une lettre d’amour comme on raconterait une histoire drôle. Si tel était le cas, je ne donne pas cher de votre relation !
L’objectif premier de l’écriture est le but à atteindre. L’image ou les sentiments que l’on veut transmettre. Oui. c’est ça. L’écriture est une séance de télépathie entre l’écrivain et le lecteur (SK). Il faut savoir faire passer les images grâce au détail, mais pas trop pour laisser le flux imaginatif du lecteur se mettre en mode actif.
Commencer un roman
Rien de plus difficile (en ce qui me concerne). Les idées se bousculent, il s’agit de les mettre en ordre.
Certains, comme moi, connaissent la fin de leur roman. Pas Monsieur King, qui laisse couler les pages et attend de voir où ça le mènera. On voit ce que ça donne !
Après pas mal de nuits blanches, je finis par connaître le début, le déroulement et la fin de mon histoire. Les protagonistes sont désignés quasi instantanément, la personnalité de chacun se dessinant au fur et à mesure de l’aventure.
Voilà pour la structure, grossièrement établie, de mon roman. Le croquis en quelques sortes.
Une histoire commence par les premiers mots, les premières phrases. Ça peut paraître évident et anodin, loin de là.
Il est impératif que ces premières expressions donnent envie d’en lire davantage.
« Commencer une histoire comme si on la continuait ». Je m’explique.
A moins de raconter la naissance des personnages principaux, ces derniers ont une existence avant que vos doigts tapotent sur votre clavier. Vous « prenez la main » à un moment ou un autre de leur vie. C’est à cet instant que vous commencez à en écrire la suite.
Commencez par une scène de la vie courante, une pensée, une décision…exemple : « C’était décidé, Alex changeait de vie. Adieu Manon et sa jalousie maladive, adieu Paris, bonjour Nice! »
… et continuez au fil de vos idées…
Laissez vos pensées divaguer et construire l’aventure. Les personnages viendront d’eux-mêmes si j’ose dire. N’insistez jamais si la page blanche a du mal à se noircir. Rien de grave, allez vous balader et surtout, oubliez. Pensez à autre chose, faites un bon repas, tricotez un pull, ce que vous voulez, mais autre chose. Le moment viendra où votre cerveau ne tarira pas d’idées à inscrire sur l’écran.
N’allez pas trop vite. Des éditeurs m’ont refusée parce que je n’avais pas assez développé. IL FAUT ETRE LENT. Décrire, revenir et faire durer le plaisir…ou le mystère.
Écrire, c’est comme faire l’amour… il faut donner l’envie, explorer tous les coins et exploiter toutes les possibilités. Le bonheur viendra en son temps.
Choisissez un style (humour, tragédie, sentimental ou horreur). Il sera le fil conducteur de vos chapitres.
Le travail de recherche
Tout roman demande un minimum de recherches. On ne peut pas tout savoir sur tout. Toute histoire, même fantastique, doit tenir la route.
Pour ce faire, se documenter est le nerf de la connaissance. Les livres sur le sujet qu’on traite, internet, son expérience et celle des autres, tout est bon pour apprendre et nourrir son histoire. C’est un travail de longue haleine mais tellement enrichissant.
Les dialogues
Perso, j’utilise beaucoup le dialogue. J’ai l’impression parfois d’écrire un scénario.
Rien de plus simple lorsqu’il n’y a que deux personnes. Ça se complique à partir de trois. Le lecteur peut vite perdre pied sans les précisions qui s’imposent.
Ne pas trop appuyer sur le « dit-il’, « répondit-il ». Il y a beaucoup mieux et plus expressif.
Le lecteur ne voit pas ce que ressent le personnage. Il faut donc enrober le dialogue de verbes tels que :
Hurler, rétorquer, s’exclamer, s’écrier, rager, chuchoter, (j’emploie aussi « rit-elle », incorrect mais accepté, apparemment lol). Bref, tout ce qui pourrait décrire l’émotion du personnage au moment où il parle.
Adaptez les dialogues à chaque personnage. Une dame âgée ne parle pas comme une jeune de 19 ans. Un prof de maths comme un prof de gym…enfin vous comprenez.
Les adverbes
Monsieur King à horreur des adverbes. Il est vrai que :
« Il claqua la porte violemment » est beaucoup moins percutant que « Il claqua la porte ».
L’adverbe doit être employé avec mesure, sans quoi vous risqueriez les lourdeurs et passeriez à côté de votre effet.
L’orthographe et la syntaxe
Inutile de vous dire combien une mauvaise orthographe peut être rédhibitoire pour un éditeur, et c’est compréhensible. Des outils sont à votre disposition, entre Bescherelle et Larousse.
Quant à la syntaxe, elle est l’essentiel à la vie de votre roman. Soignez-là comme votre enfant. Jonglez avec les mots, soyez percutant et faites vivre vos lignes.
N’écrivez surtout pas comme vous parlez, dialogues mis à part bien entendu. Employez des mots plus sophistiqués, voire à licence poétique.
ex. : « Ils regardaient la lune se lever" contre : "leurs yeux regardaient l’astre lunaire éclairer la voute stellaire ».
Après tout dépend du genre de roman. Mais la règle reste la même…une bonne syntaxe avec des phrases « bien nourries ».
Votre livre est terminé
Youpi!! votre livre est fini! trois mois (en moyenne) de dur labeur à faire et refaire les paragraphes.
Ce que préconise le Maître :
- relire 6 ou 7 fois votre roman et le corriger.
- le donner à 5 personnes socialement différentes pour avis et corrections.
- récupérer les conclusions et corriger encore.
- la formule pour un bon roman : version 2 = version 1 moins 10%…ça implique une coupe sombre, nécessaire avant transmission aux éditions.
- envoyer aux maisons d’éditions et attendre 3 mois la réponse.
Voilà les zamis, quelques conseils pour débuter votre futur best seller.
Mais j’oubliais ! il faut vous trouver un lieu que vous aimez. Monsieur King écrit dans sa cave.
Peu importe le lieu pourvu qu’on ait l’inspiration !!
Détendez-vous, prenez un bon fauteuil et créez votre histoire..
